« Nous vivons une période exceptionnelle de transition. Rien ne sera plus comme avant. » Gérard Mermet n’y va pas par quatre chemins pour ouvrir la table ronde Nos territoires, demain ? animée par le journaliste Jean Dumonteil.
Progrès et fractures
Méthodiquement, le sociologue dresse un tableau de notre société, des progrès accumulés depuis l’après-guerre (nutrition, pouvoir d’achat, espérance de vie, libertés…) jusqu’aux fractures qui la traversent aujourd’hui (peur du déclassement, faillite du modèle républicain, inégalités croissantes…).
Des constats relayés dans les interventions de plusieurs délégués sur la toute-puissance de l’État, les lourdeurs administratives, les inégalités d’accès aux services publics…
L’étalement urbain continue
Et les territoires dans tout cela ? Le géographe Stéphane Cordobès observe une tendance persistante à l’étalement urbain et à la périurbanisation : « Les gagnants dans le monde en émergence sont les territoires déjà attractifs avant le Covid : les littoraux, le Sud, la Bretagne… » Mais avec l’évolution du climat ou encore de l’accès à l’eau, « la transformation des grands équilibres de la Terre entraînera celle d’une partie des territoires » prévient-il.
Confiance aux acteurs de proximité
La période Covid a, en revanche, « renforcé l’hypercentralisation des pouvoirs et la défiance vis-à-vis du système politique » constate le politologue Romain Pasquier, alors même que « la confiance des citoyens est encore élevée vis-à-vis des acteurs de la très grande proximité. Ce sont eux qui ont assuré le lien social, au contact des personnes fragiles pendant cette crise. »
Un avenir sous conditions
De l’avis des trois experts, l’aspiration des citoyens à davantage de proximité et d’horizontalité font des territoires le bon échelon pour répondre aux nombreux défis (environnemental, économique, politique…). Mais à condition « que les citoyens aient la possibilité de s’exprimer et le sentiment d’être entendus, que chacun fasse des efforts de manière équitable » (G. Mermet), et « que les territoires soient des acteurs innovants, et non des réceptacles passifs » (R. Pasquier).
Le président René Régnault a conclu sur une note d'optimisme, s'appuyant sur l'aventure décentralisatrice des années 80 : « Ce n’est pas le basculement qui est le plus important, mais ce qu’il génère comme capacités nouvelles d’imagination et de réformes ».