Claire Supiot, agent du Département du Maine-et-Loire, nageuse olympique et paralympique | Photo : Escape Feeling

Le CNAS sur tous les terrains

Mardi 16 juillet 2024
Le sport est source de bien-être et de cohésion sociale. Le CNAS aussi ! À l’approche des Jeux, nous donnons la parole à celles et ceux, parmi nos adhérents, qui portent ces valeurs.

Claire Supiot, référente handicap au conseil départemental du Maine-et-Loire — nageuse olympique et paralympique

« Le sport de haut niveau m’a ouvert au handicap des autres »
 

Vous êtes la première athlète ayant participé à des Jeux olympiques – Séoul 1988 – et à des Jeux paralympiques – Tokyo 2021 – mais vous n’êtes pas parvenue à vous qualifier pour Paris 2024. Dans quel état d’esprit êtes-vous ?

C’est la fin d’une aventure mais c’est le début d’une autre ! J’étais encore compétitive mais quand le résultat n’est pas là, la préparation mentale aide à rebondir rapidement. Les Jeux à la maison, c’est fabuleux ! Les athlètes français attendent que le public les porte car, à Tokyo, on était un petit peu esseulé en raison de la Covid. J’aurai la chance d’assister à la cérémonie d’ouverture, à des matchs de tennis à Roland-Garros, et j’ai porté la Flamme olympique le 28 mai à Angers. C’était énorme ! Beaucoup d’émotions et de fierté partagés avec ma ville, mes amis et ma famille, dont ma petite-fille Helena. Juste avant de partir en compétition, cela m’a boostée !

Continuerez-vous à pratiquer une activité physique et sportive ?

Oui, je défends le sport-santé ! Je nagerai toujours car je sais que c’est bon pour ma pathologie de Charcot-Marie-Tooth, et j’ai envie de découvrir de nouvelles activités comme l’escrime fauteuil. Mon objectif est aussi d’être plus active au sein de l’association Charcot Marie-Tooth et de profiter différemment de ma famille. Si j’ai pu maintenir cette longue carrière sportive, c’est grâce à un entourage compréhensif, en particulier mon mari.

Vous travaillez au conseil départemental du Maine-et-Loire. Comment avez-vous concilié sport de haut niveau et activité professionnelle ?

J’avais d’autres manières de travailler avec mes supérieurs et mes collègues, qui me permettaient d’être toujours dans mon milieu professionnel et de mener à bien un double projet, même à 56 ans. J’ai bénéficié d’une convention d’athlète de haut niveau avec la Région Pays de la Loire, la Fédération française handisport et mon employeur, qui m’a beaucoup soutenu. J’avais deux entraînements de natation par jour, de 6 h 30 à 8 h 30 et de 16 h 30 à 18 h 30, auxquelles se greffaient d’autres séances : préparation mentale, physique, Pilate, kiné, ostéopathie et nutritionniste.

En quoi consiste votre rôle de référente handicap au sein de votre collectivité ?

Il consiste à écouter et à sensibiliser nos agents en situation de handicap, à leur démontrer l’intérêt d’être reconnu en qualité de travailleur handicapé pour obtenir des soutiens supplémentaires, notamment des adaptations de postes. J’aide aussi les équipes où travaillent des personnes en inclusion. Plus généralement, j’aide à sensibiliser à tous les handicaps, qu’ils soient physiques ou psychiques et intellectuels, lesquels ont tendance à s’amplifier depuis la Covid et avec certains événements sources d’anxiété. Je m’appuie sur le service de prévention, où les agents peuvent consulter un médecin, une infirmière, une assistante sociale, des ergothérapeutes… Avoir le soutien de mes collègues sur des compétences complémentaires autour du handicap consolide mes missions de référente.

Votre collectivité participera également au DuoDay le 21 novembre prochain. De quoi s’agit-il ?

Le taux d’employabilité des personnes en situation de handicap dans les collectivités est en hausse ces derniers temps*. Il faut continuer à aider nos agents au maintien dans l’emploi et attirer d’autres personnes en situation de handicap. C’est le sens du DuoDay2024 que nous organisons chaque année, porté par la présidente Florence Dabin et les élus du Département. Il permet, le temps d’une journée, de découvrir le métier d’un agent de notre collectivité et de prendre connaissance des moyens d’intégrer la fonction publique sur la base des compétences.

Comment mettez-vous à profit votre expérience d’athlète de haut niveau dans votre métier et vos missions au conseil départemental ?

Le sport de haut niveau m’a ouvert l’esprit sur le handicap des autres, la manière dont il est vécu et perçu. J’ai pris conscience, par exemple, que les horaires d’une personne tétraplégique ou paraplégique doivent être aménagés car elle a besoin de plus de temps pour se préparer, se changer… Ou qu’une personne en situation de handicap se fatigue davantage quand elle doit continuellement s’adapter à un milieu de personnes valides. J’ai aussi appris dans le milieu sportif que la personne en situation de handicap doit faire des efforts pour être compétente : ce n’est pas le handicap qui fait la compétence, mais la personne. Tout est possible à n’importe quel âge dès lors qu’on s’en donne les moyens et qu’on est bien accompagné. C’est le cas aussi dans notre collectivité.

*La FPT demeure le seul versant de la Fonction publique qui respecte le taux légal d’emploi des personnes en situation de handicap. À lire dans le Rapport 2023 du Fonds pour l’insertion des personnes handicapées dans la Fonction publique
Claire Supiot a été promue, ce 14 juillet, Chevalier de la Légion d'honneur, pour 37 années au service du sport. « C’est une reconnaissance de mon parcours, de mes efforts, et des valeurs que j’ai toujours essayé de défendre » écrit-elle sur son compte Facebook. Spécialiste du papillon et multiple championne de France entre 1984 et 1988 chez les valides, elle est plus tard devenue championne d'Europe handisport sur 100 m nage libre en 2018. Pour en savoir plus : Bleus Handisport

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